8/03/2015

Kamçatka - padok oluşturulması - Göçebe hayatında sabit nokta - hayatın yenilenmesi

Aspects of orientation in contemporary pastoral practices and ritual performances of reindeer herders in northern Kamchatka
Among the reindeer herders of northern Kamchatka (far east Siberia), pastoral practices and ritual performances reveal a similar connection to orientation. In the village of Ačajvajam, this relationship expresses itself explicitly in the spring, when Chukchee, Even and Koriak herders together build a paddock in order to separate the female reindeer from the rest of the herd before calving time, and then celebrate the birth of the fawns in the residential outskirts of their village. Never consistently fixed, the pragmatic and symbolic marks of orientation determine a moving topography in which the positions of humans, animals and “spirits” sometimes overlap with one another or even take the place of each other. In this perpetual movement, body gesture (dancing) and vocal gesture (guttural sounds, melodic songs) appear as powerful markers of orientation.
During spring the creation of the paddock starts a few weeks before the first births in reindeer herds. For many herdsmen families, movements in the tundra generated by this process are of major importance for the purpose of the ritual kilvèj. In addition to the fun of getting together for some time in the tundra and the pleasure of watching the “reindeer herds moving”, their presence far from the village at this time of the year is an opportunity for the necessary preparations of the ritual ceremony. These preparations concern three aspects: the separation of the female reindeer from the rest of the herd, the count of the number of the herd and finally the marking of domestic reindeer. In a broad sense each of these arrangements is related to the ritual orientation as it will appear in different forms during the kilvèj (dance and song). In order to perform these tasks, men, women and children who don't live any more in the tundra, need to converge to a fixed location. Throughout the course of the creation of the paddock, continuous movements of people (traveling in reins or dogs team or on foot) between the village and the provisional settlement where the little tents palatka have been set up. Each of those shelter 8 or 9 persons following the system of patrilocal residence, half a dozen little tents palatka is needed (in addition to those sheltering permanently the herders) to house the voluntary performers. The tents are always set up with the opening to the “life” onatgyjŋyn, “life” “East”, that however allows some variations since the East represents a general direction (there, where the sun rises) much more than a fixed point relative to the magnetic pole. The location of camp and paddock choice on the transhumance land is always decided regarding a prominent topographic element and situated near settled herds so that the latecomers easily find the campsite. In a broad sense, these elements form a ground network of visible beacons enabling one to locate oneself and to travel in the tundra: “mount of the wolves”, “two ears mountain”, “muffle”, “stone”, also such as the meander of a river kul'tbaza, are fixed landmarks in a particularly changing environment. In such a perpetual motion context as is nomadic life, the paddock represents a reliable orientation point to locate the reindeer herds, to ensure a temporary steadiness in the tundra and to mark all movements routes between the village and the temporary campsite.

Beyond the foothold details on the local housing arena the kilvèj ritual possesses internal dynamics of its own. The latter is first and foremost related to cooking: the essential principle of this ceremony is to generously feed the different groups of beings interacting in the process of renewal of life, those are human beings, spirits and reindeer. Almost all ritual sequences are directed towards culinary purposes which have various meanings.

Aspects de l’orientation dans les pratiques pastorales et les performances rituelles contemporaines des éleveurs de rennes du Nord-Kamtchatka
Chez les éleveurs de rennes du Nord-Kamtchatka (Extrême-Orient sibérien, Fédération de Russie), les pratiques pastorales et les performances rituelles laissent entrevoir un même rapport à l’orientation. Dans la petite communauté villageoise d’Ačajvajam, celui-ci s’exprime de manière particulièrement explicite au printemps, lorsque les éleveurs tchouktches, évènes et koriaks érigent ensemble un enclos en toundra pour diviser les troupeaux avant la mise bas, puis célèbrent la naissance des faons dans les périphéries résidentielles de leur village. Jamais totalement fixes, les repères pragmatiques et symboliques de l’orientation déterminent une topographie mouvante dans laquelle les positions des hommes, des animaux et des « esprits » peuvent parfois se chevaucher, voire se substituer les unes aux autres. Dans ce mouvement perpétuel, le geste corporel (danse) et vocal (sons de gorge, chant mélodique) apparaissent comme des puissants marqueurs de l’orientation.
La mise en place printanière débute quelques semaines avant les premières naissances dans les troupeaux de rennes. Aux yeux des familles d’éleveurs, les déplacements en toundra que cette opération engendre sont d’une importance capitale en vue du kilvèj à venir. Outre le simple plaisir de se retrouver pour quelque temps en toundra et de « voir bouger les rennes », leur présence loin du village à cette période de l’année est l’occasion d’effectuer tous les préparatifs nécessaires en vue du rite. Ceux-ci concernent essentiellement trois aspects : la séparation des rennes femelles du reste du troupeau, le décompte du troupeau et, enfin, le marquage des rennes domestiques. Chacune de ces opérations a un rapport avec l’orientation rituelle au sens large, telle qu’elle apparaîtra sous des formes diverses lors du kilvèj (danse et chant notamment). La réalisation de ces travaux implique la convergence momentanée vers un lieu fixe et déterminé d’hommes, de femmes et d’enfants ne vivant plus en toundra. Pendant toute la durée de la mise en place de l'enclos, des déplacements ininterrompus de personnes (en tracteur, avec un attelage de chiens ou de rennes, à pied) sont ainsi effectués entre le village et le campement provisoire où sont montées les palatka(« petites tentes »). Chacune abritant en moyenne 8 ou 9 personnes selon le principe de résidence patrilocale, il en faut une demi-douzaine (en plus de celle permanente où dorment les éleveurs) pour accueillir tous les participants bénévoles. Les tentes sont toujours montées avec l’ouverture orientée vers « la vie » (jonatgyjŋyn, « vie », « Est »), ce qui n’empêche pas des variations dans leur positionnement puisque l’Est correspond à une direction générale (là où se lève le soleil) bien plus qu’à un point fixe défini par rapport au pôle magnétique. En ce qui concerne le choix de l’emplacement du campement et de l'enclos sur le territoire de transhumance, il est toujours arrêté par rapport à un élément topographique connu et situé à proximité de l’endroit où se trouvent déjà les troupeaux (de telle sorte que les retardataires puissent rejoindre seuls le campement). De manière générale, ces éléments forment entre eux un réseau de balises visibles permettant à chacun de se repérer et de se déplacer en toundra : « montagne des loups », « montagne aux deux oreilles », « moufle », « pierre », tel méandre de telle rivière, une kul’tbaza sont autant de repères fixes dans un environnement qui, au demeurant, s’avère partiellement mouvant. Dans un tel contexte de mouvement perpétuel, l'enclos représente donc un point d’orientation fiable pour localiser les troupeaux de rennes, pour assurer une part momentanée de fixité dans la toundra, et pour baliser des itinéraires de déplacement entre le village et le campement provisoire.
Au-delà de ses modalités d’ancrage sur l’échiquier résidentiel local, lekilvèj possède aussi une dynamique interne qui lui est propre. Celle-ci est avant tout d’ordre culinaire : le principe essentiel de ce rite est de nourrir abondamment les différentes classes d’êtres interagissant dans le processus de renouvellement de la vie, à savoir les humains, les esprits, les rennes. La quasi-totalité des séquences rituelles est ainsi orientée vers un impératif culinaire dont la portée est multiple.
photos from this blog:http://lindabortoletto.com/chukchi-of-kamchatka-winter/

http://emscat.revues.org/1008#tocto1n3

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