4/01/2015

P. Francastel. Sanat sosyolojisi çalışmaları – sanatçı ve onun çevre - soyut ve somut değerler

PIERRE FRANCASTEL : Studies of Sociology of Art (extracts intended for a course module on History of Art)
The standard practice of actual sociology of art rests on principles that any of us is likely to understand and immediatly give an interpretation - or even produce – to any artwork. The idea that this artwork may possess an independent meaning generally does not touch upon the mind of sociologists. Artwork is not one more natural object to add to the nomenclature of the artwork creator ; it is a meeting place between different minds, it is a sign, a relay as for all signs of languages. It is as absurd to think that buildings and paintings can have a real existence, regardless of the dual effort of the artist and the spectator, as to believe that outside of users, a collection of words constitute languages.
Many cases show that, in the past, whole societies used sight as a primary means of establisment of experience. Creating artwork is a point of culmination, not an intellectual speculation from the artist, of an essentially technical approach. However, there is no doubt that only the know-how technical point never allowed any artist to produce a communicable artwork. The artist belongs to the community in which he is living. Without adopting a normative concept of the beautiful, one can think that the study of artwork – and sociology of art – involves the evaluation of the relevance and the nature of internal relations of the created object.
No serious explanation can be done if we consider as data of creation the object of the studies instead of regarding artwork as the product of a problematic activity. The technical achievabilities, as well as the possibilities to integrate abstract values, vary depending on studied environments and given the unequal development of intellectual functions in different places and durring the different stages of history.
The artist through his choice and practice of techniques confers onto the artwork, not only quality, but also strictly speaking an existence. It is only to the extent of the harmonious and original artwork implementation, through technique, that the artist becomes the spokesman of the persons of his environment. All fine art object is an area of convergence for the testimony of a larger or smaller number, mostly a considerable amount, of perspectives about mankind and the world. In most cases, that setting of balance in colours, this sign introduction, apparently with a secondary role, introduces in the system a way to evoke sporadically this or that object of observable knowledge, or that or this know-how of socialised knowledge. The use of one individual part for the whole is an absolute rule for the figurative. This is how the distinction is created between the elements of the artwork and the existing relations between these elements. The rules which link the parts, in other words the sturcture is not only of mental nature, abstract, but on the contrary concrete, based on processing techniques. Art shall not consist of prophecy and vaticination system ; it set out a certain number of current data, it being understood that these data include anticipation, forecast and expectation values.
In the cas of artworks evolution, we find here the explanation of the reasons why sometimes the chain of artwork renews and expands a certain reflections and knowledge type, and sometimes breaks with the dominant system in order to suggest a renewal. Seen in this context, the study's points of interest of artworks are important so we can repeatedly capture, objectively in a manner of speaking, the changes that shape the great periods of history. Durring the whole of the 15th century, medieval art developed in such an ingenious way like the style born out of the new ideas development determined by a small number of the Quattrocento's artists. Van Eyck, Van der Weyden, Van der Goes and Memling are witness to living civilization forms through this century just as their successors Brunelleschi and Donatello. There is no discussion of seriously dispute that, at a given time, the first artists of the Renaissance fixed the values, in an hesitant way, in their ingenious artwork that were bound to provide the most common language of the western societies. Into obtaining this it took more than a century and the elimination of certain possibilities opened up by the first speculations, including that about space, in order to fix a new standard applicable for extended social groups.


PIERRE FRANCASTEL : Etudes de sociologie de l'art (extraits destinés à un module de cours d'Histoire de l'Art)
La pratique courante de la sociologie actuelle de l'art repose sur cette idée que n'importe lequel d'entre nous est susceptible de comprendre et d'interpréter immédiatement – voire de produire – n'importe quelle œuvre d'art. L'idée que cette œuvre puisse avoir une signification propre n'effleure pas en général la pensée des sociologues. L'oeuvre d'art n'est pas un objet naturel de plus à ajouter à la nomenclature du créateur ; elle est un lieu de rencontre entre des esprits, elle es un signe, un signe relais au même titre que tous les autres langages et il est aussi absurde de penser que les édifices ou les tableaux puissent posséder une existence, indépendamment du double effort de l'artiste et du spectateur, que de croire à l'existence de mots qui, par leur assemblage constitueraient en dehors des usagers, les langages.
De nombreux exemples prouvent que, dans le passé, des sociétés entières ont utilisé la vue comme moyen principal de fixation de l'expérience. La création de l'oeuvre d'art est le point d'aboutissement, non pas une spéculation intellectuelle de la part de l'artiste, mais d'une conduite – essentiellement technique. Toutefois, il est aussi certain que la technicité seule n'a jamais permis à un artiste, quel qu'il soit, de réaliser une œuvre communicable. L'artiste appartient à la société dans laquelle il vit. Sans adopter une conception normative du beau, on peut cependant penser que l'étude de l'oeuvre d'art – et la sociologie de l'art – implique l'évaluation de la pertinence et de la qualité des liaisons internes de l'objet créé par l'artiste.
Rien de sérieux ne peut être fait si l'on prend comme des données de la création, l'objet des études au lieu de considérer les œuvres d'art comme le produit d'une activité problématique dont les possibilités techniques, aussi bien que les capacités d'intégration des valeurs abstraites, varient suivant les milieux considérés et compte tenu du développement inégal des facultés intellectuelles des différents milieux aux différentes étapes de l'histoire.
C'est l'artiste qui, par le choix et la pratique des techniques, confère à l'oeuvre, non seulement sa qualité, mais à proprement parler l'existence. C'est dans la mesure seulement où il réalise, par la technique, des œuvres harmonieuses et originales, qu'il s'affirme comme le porte-parole de son entourage. Toute objet d'art est un lieu de convergence où l'on trouve le témoignage d'un nombre plus ou moins grand, mais qui peut être considérable, de points de vue sur l'homme et sur le monde. Dans la plupart des cas, telle mise en rapport de couleurs, l'insertion de tel signe, en apparence tout à fait secondaire, introduit dans le système considéré une possibilité d'évoquer épisodiquement tel ou tel objet de la connaissance sensible, ou tel ou tel savoir de la connaissance socialisée. L'utilisation de la partie pour le tout est une règle absolue de la figuration. Ainsi se détermine la distinction entre les éléments de l'oeuvre d'art et les liens qui existent entre ces éléments, étant spécifié que les règles qui assurent le lien des parties, la structure, n'est pas seulement de caractère mental, abstrait, mais au contraire concret, fondé sur des techniques. L'art ne consiste pas dans un système de prophétie et de vaticination ; il fixe un certain nombre de données actuelles, étant bien entendu que parmi ces données, certaines ont valeur d'anticipation, de prévision, d' espérance.
Dans le cas du développement des œuvres d'art, on trouve ici l'explication des raisons pour lesquelles, tantôt la chaîne des œuvres renouvelle, développe un certain type de réflexions et de connaissances, et tantôt rompt avec le système dominant pour en suggérer un autre. Dans cette perspective, l'intérêt particulier de l'étude des œuvres d'art, est de nous permettre de saisir sur le vif, à différentes reprises, objectivement pour ainsi dire, une de ces mutations qui font les grandes périodes de l'histoire. Pendant tout le 15ème siècle, on a vu se développer l'art du Moyen-Age d'une manière aussi géniale que le style né de la mutation des valeurs déterminées par les initiatives d'un très petit nombre d'artistes du début du Quattrocento. Van Eyck, Van der Weyden, Van der Goes ou même Memling sont autant de témoins des formes de civilisation vivante à travers tout ce siècle, que les successeurs de Brunelleschi et de Donatello. Il n'est pas question de contester le fait qu'à un moment donné ce sont les valeurs que les premiers renaissants avaient fixées, d'une manière tâtonnante, dans leurs œuvres géniales qui devaient se trouver appelées à fournir le langage le plus commun des sociétés occidentales. Mais il fallut pour y arriver, plus d'un siècle et il fallut aussi que l'élimination se fasse d'un certain nombre de possibilités ouvertes par les premières spéculations, notamment sur l'espace, en vue de fixer une norme utilisable par des groupes sociaux élargis.

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