12/19/2013

Kafkasya ve Orta Asya : göç, hareketlilik, İslamlaştırma, bir halkın birlik

With the fall of the Soviet Union in the early 1990s, a wave of migrants left Turkey for the newly independent Turkish-speaking Central Asian republics with which the country had strong cultural ties – Kazakhstan, Kyrgyzstan, Uzbekistan, Turkmenistan and Tajikistan. As a result of this multiform movement, an important religious message travelled in both directions, but especially from Turkey to the main Central Asian cities. This article focuses on this message. Turkish migrants, who were often missionaries, used commerce and cooperation initiatives in education as two main tools to re-Islamise Central Asia. For many Turkish Islamic movements, it was important to bring this region back into the fold after over 70 years of domination by a Soviet government with a strongly anti-religious policy. As part of this proselytizing, four key Turkish Islamic movements became visible in Central Asia. The largest was undoubtedly that founded by Said Nursi, whose disciples were active in sending Islamic literature to Central Asia from 1990. One of Said Nursi’s disciples, Fethullah Gülen, founded an extensive educational network, involving young instructors from Anatolia who moved to different Central Asian cities. A second group, the Suleymanci, named for its founder Suleyman Tunahan, used Turkish migration to open several small madrasas in different Central Asian countries. Finally, disciples of the Naqshbandiyya brotherhood, named after its founder Bahauddin Naqshband, a 15th century mystic from Bukhara, also sent thousands of Turkish migrants to the region to carry out missionary projects. After settling in these Central Asian cities, Turkish migrants have had a significant effect on Islam in the region. This is especially true in Turkmenistan, Kazakhstan and Kyrgyzstan, which have excellent political relationships with Turkey. As a result, many of these countries’ new religious elites have formed as a result of cooperation with Turkish missionary movements and their disciples who immigrated to Central Asia. Turkish migrants are not part of Turkey’s official policy on religious cooperation with Central Asia. However, they support Ankara’s diplomatic efforts in the region by indirectly creating a field of influence in this Turkish-speaking region, which is of considerable importance in Turkey’s new foreign policy. Bayram Balci

Forte de ses liens de parenté culturelle avec les Républiques turcophones d’Asie centrale – Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Turkménistan et Tadjikistan –, la Turquie a été le point départ d’un important mouvement migratoire en direction de ces États à partir du début de la décennie 1990, au moment où les États en question recouvraient leur indépendance survenue avec la fin de l’Union soviétique. Multiforme, cette migration a véhiculé un important message religieux, dans les deux sens, mais surtout en provenance de Turquie et à destination des principales villes d’Asie centrale. C’est le principal sujet d’investigation de cette étude. Le commerce et la coopération éducative furent les principaux outils déployés par les migrants turcs partis souvent en tant que missionnaires pour ré-islamiser l’Asie centrale, que de nombreux mouvements islamiques turcs jugeaient devoir être remise dans le giron de la civilisation islamique après plus de soixante-dix ans d’une domination soviétique caractérisée par une politique antireligieuse prononcée. Quatre principaux mouvements islamiques turcs se sont fait remarquer en Asie centrale dans cette œuvre de prosélytisme. Le plus important est sans conteste celui fondé par Sait Nursi dont les disciples ont été très actifs dès 1990 dans l’envoi de littérature islamique en Asie centrale. Par ailleurs, un disciple de Sait Nursi, Fethullah Gülen, a fondé un vaste réseau éducatif animé par des jeunes éducateurs partis d’Anatolie pour s’investir dans différentes villes d’Asie centrale. Une autre mouvance, dite suleymanci, du nom de son fondateur Suleyman Tunahan, a, par le biais de la migration turque, ouvert plusieurs petites madrasas dans divers États d’Asie centrale. Enfin, des disciples de la confrérie dite nakshibendiyya, du nom de son fondateur Bahaduddin Nakshibend, un mystique du xve siècle originaire de Boukhara, ont également envoyé des milliers de migrants turcs dans le cadre de plusieurs projets missionnaires. Amenée à s’enraciner dans ses villes d’expatriation en Asie centrale, cette migration turque a déjà très nettement marqué de son empreinte l’islam de ces pays, plus particulièrement au Turkménistan, au Kazakhstan et au Kirghizstan qui ont d’excellentes relations politiques avec la Turquie. Ainsi, bon nombre de nouvelles élites religieuses dans ces pays ont été formées dans le cadre de la coopération avec les mouvements missionnaires turcs et leurs disciples qui ont immigré en Asie centrale. S’inscrivant en marge de la politique officielle turque de coopération en matière religieuse avec les pays d’Asie centrale, les migrants turcs n’en rendent pas moins un grand service à la diplomatie d’Ankara dans la région en l’aidant indirectement à se constituer une sphère d’influence dans cet espace turcophone qui occupe une place notable dans la nouvelle politique extérieure de la Turquie. Bayram Balci
The defence of Samarkand citadel

12/17/2013

Sadece biz insani - Onlar daha az insani - Toplumsal grupların kimlik kavramı

Recently a new line of research in social psychology demonstrated that people tend to reserve the human essence to describe their own group, perceiving outgroup members as “infra-humans” (Leyens et al., 2000, 2003). The present article summarizes the main findings of this new way of theorizing. Specifically, this theory focused on uniquely human emotions. When asked to describe their own group and a relevant outgroup, individuals ascribed less uniquely human emotions to the outgroup. Given that all uniquely human characteristics are necessary but none of them are sufficient to be considered fully human, Leyens and colleagues interpreted this differential attribution of uniquely human emotions in terms of infra-humanization. In addition, this article introduces an extension of the infra-humanization theory broadening its premises to research on stereotypes. A first study is reported that demonstrates that ingroup stereotypes bear more human meaning than outgrouup stereotypes. Overall, this research shows that prejudice even today is marked by differences between the ingroup and the outgroup in human terms. !!!!!!!!!! In the last decades, racism and discrimination have not only been acknowledged in their obvious blatant, but also in their more subtle forms. Whereas the overt forms of racism tend to decline, the more subtle forms of bias are prevalent and give rise to some of the ever-existing inequalities. If people think that their group is superior to other groups, and attribute different essences to the ingroup and outgroups, then it follows that people should ascribe a better essence to their own group. As a consequence, on a dimension as fundamental as humanity, people believe that “the” human essence belongs to their ingroup and that an infra-human essence characterizes (some) outgroups. The three most cited characteristics that constitute the human essence were: intelligence (reasoning, thinking, etc.), uniquely human emotions, and language (communication). If all uniquely human characteristics (i.e., intelligence, language, and secondary emotions) are necessary to be considered a human being, but none of them is sufficient, it suffices to differentiate others from ourselves to our own group’s advantage on the basis of one or all of the uniquely human characteristics in order to infra-humanize the outgroup. Together with the previous work on infra-humanization, we can see the importance of the human dimension in intergroup relations and shows how deeply rooted our biased thoughts and behaviors towards the outgroup really are. Even though mostly apparent in subtle biases, people show a consistent tendency to reserve the human category for their own group and to attribute a lesser degree of humanity to outgroups. Summary of an article from Jeroen Vaes

Récemment, une nouvelle ligne de recherche en psychologie sociale a montré que les gens tendent à réserver l'essence humaine pour décrire leur propre groupe, percevant des membres de l’exogroupe comme "infra-humains" (Leyens et al., 2000, 2003). L'article actuel résume les résultats principaux de ce nouveau mode de penser. Spécifiquement, cette théorie s'est concentrée sur les émotions typiquement humaines. Demandés à décrire leur propre groupe et un exogroupe approprié, les individus ont attribué moins d’émotions typiquement humaines à l'exogroupe. Étant donné que toutes les caractéristiques typiquement humaines sont nécessaires mais aucune n’est suffisante pour être considérée comme entièrement humain, Leyens et ses collègues ont interprété cette attribution différentielle d'émotions typiquement humaines en termes d'infra-humanisation. En plus, cet article présente une extension de la théorie de l’infra-humanisation au domaine des stéréotypes. Une première étude est décrite qui démontre que les stéréotypes de l’endogroupe sont plus humains que les stéréotypes de l’exo-groupe. Pris ensemble, ces travaux indiquent que les préjugés modernes sont marqués par des différences entre l'endo-groupe et l'exo-groupe en termes humains. Au cours des dernières décennies, le racisme et a discrimination ne se sont pas uniquement manifestés par des démonstrations flagrantes mais également sous d’autres formes plus subtiles. Alors que le racisme ouvertement exprimé tend à se dissoudre, les aspects plus subtils des préjugés engendrent des inégalités incroyables. Quand on croit que son groupe est supérieur aux autres groupes, on attribue des qualités intrinsèques à son endogroupe qui vont différer des exogroupes avec pour conséquence de s’accaparer les meilleures qualités. Ainsi à propos d’une dimension aussi fondamentale que celle de l’humanité entière, on va croire que ‘cette qualité’ humaine appartient uniquement à notre endogroupe et que des aspects infra-humains caractérisent les exogroupes. Les trois caractéristiques les plus citées pour décrire les traits dominants de l’humanité sont : l’intelligence (le raisonnement, la pensée..) les émotions uniquement humaines et le langage (communication). Si l’ensemble de toutes les caractéristiques humaines seules (intelligence, langage et émotions secondaires) sont nécessaires à la description de l’être humain, aucune d’entre elles ne peut se suffire à elle seule, elle ne sera alors utilisée que pour différencier les autres de nous-même au profit de notre propre groupe. Fondée sur une ou toutes les caractéristiques uniquement humaines on va tendre à infra-humaniser l’exogroupe. Tous les travaux précédents et actuels concernant l’infra-humanisation montrent l’importance de la dimension humaine dans les relations entre groupes différents, nos préjugés et nos comportements apparaissent tellement enracinés face à la réalité de l’exogroupe. Même quand ils apparaissent au détour de préjugés subtils, les gens montrent une tendance constante à garder la catégorie humaine idéale pour le compte de leur propre groupe et d’attribuer les caractères réduits de l’humain aux exogroupes. Résumé d’un article de Jeroen Vaes

12/16/2013

Sosyal kimlik- özgecilik kavramı – psikoloji, ahlâk, adalet, evrim : Superego mücadeleleri özgecilik zaman.

Social and discourse Identities, from discourse Analysis to social Psychology : the identity notion, taken from social sciences and psychology raises complex problems to the language studies. They are examined in the present currents of discourse analysis, in rhetoric where they threaten the trendy of resorts to ethos as in the study of verbal interactions or conversation analysis. Confronting theses’ uses to the present researches in psychology arouses misunderstandings and conceptual methodological difficulties. It does appear that, on the language level, the uses of that notion tend to reduce it to those of social status, roles, sometimes even almost to grammatical classifications, or, otherwise, to lead to attractive yet unverified interpretative conjectures. We suggest to consider its conceptualization in a social psychological interdisciplinary approach of language, with both social and linguistic mixed methodologies. Erikson was the first researcher who built a model from the identity concept within a developmental psychology perspective. He distinguishes “ego identity”, “personal identity” and “social identity”. With his writings relating to life long identity development, multiplicity of the self, and the different aspects of ego, Erikson gave birth to a main research stream. From the middle of the 1960s, Marcia extended different aspects of Erikson’s work related to adolescence (which is described as a psychosocial moratory by Erikson). Marcia conceived four identity statuses: diffusion, forclusion, moratory, achieved identity. Recently, discussions took place concerning the nature of these different statuses: can they be conceived as development stages? From this traditional theoretical frame, numerous and rich research works appear today. Morality cannot be reduced to sociability : psychological point of vue. An overview of contemporary research in psychology serves to show that morality cannot be equated with social norms. What happens in situations where the individual’s and group’s interests are at odds? Unlike primates who seem not to cooperate with each other, human beings have resolve this dilemma not through altruism but by using their new cognitive abilities for building mutually profitable but culturally variable institutions. The human moral predisposition enables people to manage such situations by demonstrating adherence to institutions: thus they follow their sincere moral preoccupations while preserving their individual interests. Such a moral predisposition also accounts for the fact that moral rules are not concerned with individuals (in particular children) but are assessed in culturally relation to specific criteria (such as notions of justice).

« Identités » sociales et discursives : la notion d’identité, empruntée aux sciences sociales et à la psychologie en particulier, pose des problèmes complexes aux sciences du langage. Ces problèmes sont examinés à l’intérieur des courants actuels de l’analyse du discours et en rhétorique où ils menacent la vogue des recours à l’ethos comme dans l’étude des interactions verbales ou de l’analyse conversationnelle. La confrontation de ces usages avec les recherches actuelles en psychologie fait émerger des malentendus et des difficultés conceptuelles et méthodologiques. En effet, il semble qu’au niveau langagier les usages de cette notion tendent à la réduire à ceux de statuts et de rôles sociaux et/ou à des classifications quasi grammaticales, ou encore conduire à des conjectures interprétatives attractives mais invérifiables. Ici, on propose d’envisager sa conceptualisation dans une démarche interdisciplinaire psychosociale du langage, avec des méthodologies mixtes, sociales et langagières à la fois. En 1950, Erikson fut le premier à proposer une théorisation du concept d’identité dans le champ de la psychologie du développement. Il établit alors des distinctions entre « identité du moi » (ou ego identité), « identité personnelle » et « identité de groupe ». Ses considérations sur le développement de l’identité tout au long de la vie, sur la multiplicité des « soi », sur les dimensions « ego-identitaires » de groupes font de lui l’un des précurseurs des analyses actuelles. Au milieu des années 1960, Marcia prolongea l’un des aspects des analyses de Erikson relatives à l’adolescence (qu’Erikson définissait comme un moratoire psychosocial) en décrivant quatre statuts identitaires : la diffusion, la forclusion, le moratoire et l’identité accomplie. Récemment, un débat s’est instauré sur la nature de ces statuts : correspondent-ils à des stades de développement ? Ces dernières années, un certain nombre de prolongements ont été donnés aux travaux de Erikson et de Marcia.  La morale n’est pas le social ; le point de vue de la psychologie. Des recherches contemporaines en psychologie montrent que les normes morales ne se confondent pas avec les normes sociales. Les situations morales – situations dans lesquelles l’intérêt individuel et l’intérêt collectif s’opposent – présentent un problème spécifique. À la différence des primates qui ne semblent pas coopérer entre eux, les humains ont résolu ce problème non pas par l’altruisme mais en s’aidant de leurs nouvelles capacités cognitives pour construire des institutions mutuellement profitables et culturellement variables. Une disposition morale permet aux humains de gérer ces situations, c’est-à-dire d’afficher leur adhésion aux institutions en ayant au niveau du vécu psychologique d’authentiques préoccupations morales tout en préservant leurs intérêts au niveau individuel. L’existence d’une disposition morale explique également que les normes morales ne s’imposent pas aux individus, en particulier aux enfants, mais sont évaluées en fonction de critères spécifiques, notamment de justice.

12/11/2013

Akrabalık kelime bir dildir - müzik soyut şeklidir - para, tazminat, tutarlılığı onuru.

Each society coherence can be primarily understood beyond the addition of interpersonal relations, beyond one population count, a territorial extension, property ownerships, possessions of different values, all kind of treasure. Thus society raises to the dignity of a whole, of a community (universtas in the Middle Ages, communitas, Gemeinschaft for Tönnies). Using this definition, coherence as a general caracter of societies remains hidden to the one who perceives it as independant elements settings. Beyond all their differences, all interpretations primarily seem to defeat prejudices rooted in western ideology and in history of anthropology in order to reach a complete figure of societies in their diversity. In harmony with Daniel de Coppet’s ideas, hierarchy as according to Louis Dumont presupposes that society exists on a different and higher level than the one of individual fates. This hierarchy is based on an internal organisation of the society, structured in terms of values and associated to an opening tending outwards.  Wether for the Aré’aré, the Inuits or the Western world,  social units considered as name, clan, « society », « nation » are ipso facto relative in terms through their opposition to other units of same kind and equal status. Therefore we can’t conceive them as ‘wholes’. For the Aré’aré and the Inuits, things are clear and ready there. On the contrary, in the western world, more general  notions to which we give the status of ‘whole’, as cosmos or mankind, do really exist, but lacking any social dimension.

Kinship vocabulary is a language, music is the abstract form, ritual is action.  For exemple, the Aré’aré tie music to words, a very ‘binding’ area since it is always and everywhere following its own logic. Musics are here divided in two different types ; existing as a ‘unique segment an unspecified number of times repeated onto the final formulation, or composed of two or more various melodic segments. As a result of analysis, one discovers that this types cleavage shows the exactly same division of the benefits ritual offerings. Through all the pieces, the provision of musical phrases similarily recalls the offerings given durring the compensation ritual for murder. This analogy is confirmed when analysing the final of the ritual of the Big Man, Pan flutes orchestras following the rythm of their music bring the necessary money in order to give a measure to the celebrated Man on this day. André Itéanu translated in engish by myself.

La cohérence d’une société se comprend au-delà de l’addition des relations interindividuelles, au-delà du dénombrement d’une population, d’une étendue territoriale, des propriétés immobilières, des possessions mobilières, et du tout trésor. La société se
hisse ainsi à la dignité d’un tout, d’une communauté (universitas au Moyen-Age, communitas pour Oresme, Gemeinschaft pour Tönnies).  Au terme de cette définition, la cohérence est une qualité générale des sociétés qui reste cachée à celui qui conçoit celle-ci comme des agencements d’éléments indépendants les uns des autres. Au-delà de leur variété, toutes les interprétations apparaissent avant tout s’attacher à déjouer des préjugés ancrés dans l’idéologie occidentale et dans l’histoire de la discipline anthropologique de manière à dégager une figure d’ensemble des sociétés dans leur diversité.  En harmonie avec les idées de Daniel de Coppet, la hiérarchie selon Dumont présuppose que la société existe à un niveau distinct et supérieur à celui des destins individuels. Elle repose sur un ordre interne à la société, organisé en termes de valeurs et associé à une ouverture vers l’extérieur. Que ce soit chez les ‘Aré’aré, les Inuit ou en Occident, les unités sociales que l’on évoque, sous les termes de, nom, clan, «  société », «  nation » sont relativisés ipso facto par leur opposition avec d’autres unités de même type et de statut égal. On ne peut donc les considérer comme des totalités. Chez les ‘Aré’aré et chez les Inuit les choses s’arrêtent là. En Occident, par contre, des notions plus générales à quoi l’on attribue le statut de totalité, comme le cosmos ou l’humanité, existent bien, mais dépourvues de toute dimension sociale.
Le vocabulaire de parenté est langage, la musique est forme abstraite, le rituel est action.  Par exemple, chez les ‘Aré’aré, les mots sont liés à la musique, un domaine typiquement « contraignant » et qui possède partout et toujours sa propre logique. Les musiques sont ici divisées en deux styles distincts ; soit elles consistent en « un seul segment répété un nombre indéterminé de fois avec une formule finale », soit elles sont composées de deux ou plusieurs segments mélodiques différents. A l’analyse, on découvre que ce clivage de genre reflète trait pour trait la division des prestations offertes au cours des rituels. Dans chacune de ses pièces, la disposition des phrases musicales rappelle à l’identique les prestations données lors du rituel de compensation pour meurtre. L’analogie est de nouveau confirmée lorsqu’au comble du rituel du Grand, des orchestres de flûte de pan viennent au rythme de leur musique apporter la somme principale de monnaies destinée à figurer la mesure de celui que l’on honore ce jour-là. André Itéanu

12/09/2013

Bölünmüş ceset, asimetri, tamlık, sosyo-kozmik sistemleri

From a Deconstructed to a Reconstructed Body: Myths of the Divided Body in the Philippines and Borneo. — A number of ancient Austronesian myths collected among various ethnic groups in Borneo, the Philippines, and Taiwan, tell the story of mythical heroes traveling to the sky and back to earth. This journey is linked in every case with these characters being cut to pieces, or eviscerated or divided in some other way. Fifteen versions are presented and analyzed. These are arranged into four groups based on their geographical origin and structure.
The first group stages two characters, Moon and Owl, and closely associates food and feeding to their journey to the sky. A second group places more emphasis on various types of food, each being typical of a cosmological region, like betel for the sky, cooked rice for the earth and raw food for the underworld. Immortality is marked by disembowelment and the absence of food. A third group of variants, from Northern Luzon and Taiwan, tells about a child being cut into several pieces prior to a journey to the sky, also brings to the fore some new elements, like weaving and thunder. Finally a fourth group of variants, from Borneo, puts the question in a reverse order and starts from a half-body subsequently restored to its full form. A general grid accounts for all versions of this mythical complex that offers many deep similarities with American myths. This raises the question of the universality of mythical structures.
Symmetry, Dissymmetry and Hierarchy: The Story of “One-Sided” in Kei Society (Moluccas, East Indies). — Myths tell stories about beings that are stubbed or incomplete, often divided in half vertically. These beings lead us to raise questions about symmetry and the lack of it, about wholeness and the lack of it. Part of a whole is not, despite appearances, always a half. With respect to the relation between the whole and its parts, the hypothesis is formulated that the symmetry of two parts, which might be called “halves”, represents non-being, the absence of relationships. A dissymmetry of two plus one or of two sides in relation to a center represents relationships, social ties and the relational “whole”. The myths narrated and analyzed herein from a society in the Moluccas Islands reveal the different possibilities of conceiving of wholeness and its absence with reference to an order that is both social and private.

From Partial Persons to Completed Societies. — This article presents a comparative analysis of three myths about the incomplete person, recorded in insular Southeast Asian societies. Rejecting assumptions that this mythical theme represent a universal psychological archetype the analysis focuses on the question, which prototypical social and cosmological relationships need to be established in order for a person to acquire his or her completeness. It is demonstrated how to that end social relations are connected to cosmological relations, a process in which the conversion of component parts of persons into valuable objects plays a key role. By setting the standards for such conversion processes the myths articulate cosmological authorisations of the ritual exchanges leading to the reproduction of complete human and vegetable life forms. - Charles Macdonald, Cécile Barraud & Jos Platenkamp

Du corps déconstruit au corps reconstruit - Mythologie du corps morcelé aux Philippines et à Bornéo. Un ensemble de vieux récits austronésiens répartis sur tout le nord-est de l’Insulinde (Bornéo, Philippines, Taiwan) présente des éléments communs, et fait notamment intervenir une thématique du corps coupé, éviscéré, morcelé ou divisé qui est liée au passage entre la terre et le ciel. Les variantes présentées, au nombre de quinze, se répartissent en quatre groupes en fonction de leur structure et de leur origine géographique.
Le premier met en scène deux héros, Lune et Chouette, et fait intervenir une problématique de l’alimentation développée avec plus de détails dans le deuxième qui identifie immortalité et absence de tout processus alimentaire. Chaque région de l’univers se caractérise par une nourriture typique : bétel pour le ciel, riz cuit pour la terre, nourritures crues pour les enfers. Un troisième groupe, situé au nord de l’archipel, lie cette fois le passage de la terre au ciel au morcellement et à la division du corps, et présente des éléments nouveaux comme le tissage et le tonnerre. Enfin, un quatrième groupe, de Bornéo, retourne le problème en partant du corps divisé subséquemment reconstitué. Une structure générale permet d’intégrer ces quatre ensembles de variantes et, par comparaison avec des mythes américains, de poser la question de l’universalité des structures mythiques.
Symétrie, dissymétrie et hiérarchie - Histoire d’Un Côté dans la société de Kei (Moluques, Insulinde) Les mythes rapportent des histoires d’êtres tronqués, incomplets, souvent partagés verticalement en leur milieu. Ces figures incitent à s’interroger sur la symétrie, le défaut de symétrie, l’incomplétude, la totalité. Une partie d’un tout n’est pas toujours une moitié, malgré les apparences. Dans le rapport entre tout et partie, on fait l’hypothèse que la symétrie (de deux parties que l’on pourrait désigner comme moitiés) figure le non-être, l’absence de relations. Une dissymétrie faite de deux plus un, ou de deux côtés par rapport à un centre, figure la relation, le lien social, le tout relationnel. Les quelques mythes d’une société des Moluques, racontés et analysés ici, montrent les différentes possibilités de concevoir l’incomplétude et la totalité, en référence à un ordre, social et particulier.
Cet article propose une analyse comparative de trois mythes concernant le caractère inachevé de la personne collectés dans des sociétés insulaires d’Asie du Sud-Est. Rejetant l’hypothèse que ce thème mythique représente un archétype psychologique universel, l’analyse se focalise sur l’idée que des relations sociales et cosmologiques prototypiques doivent être établies pour qu’une personne parvienne à sa complétude. L’article démontre comment les relations sociales sont connectées aux relations cosmologiques dans cet objectif, un processus dans lequel la transformation des parties constituantes des personnes en objets de valeur joue un rôle clé. Les mythes, en ce qu’ils établissent les critères pour de tels processus de transformation, délivrent des autorisations cosmologiques pour les échanges rituels qui mènent à la reproduction complète des formes de vie humaine et végétale. Charles Macdonald, Cécile Barraud & Jos Platenkamp

12/06/2013

THANK YOU SIR


Kuzey Kafkasya - hukuki çoğulculuk - örfi hukuk Adat - İslam hukuku şeriat - hukuki ideoloji çoğulculuk içinde

The formative mechanism of legal pluralism in Northern Caucasus (Kabardino-Balkaria and Northern Ossetia)

The research carried focuses on the specific development of legal ideology and legal practice in two republics of Northern Caucasus which have a mixed– muslim and christian – population. It analyzes traditional – including legal – social institutions based on customary law and religion. Specific attention is devoted to the coexistence of adat, sharia and the so-called official or State law as well as to the legal mediation of conflicts. The idea of a particular forms of local right renewal has been enhanced through the leaders of a movement concerning ‘a national idea and evolution’ conception in Northern Ossetia. Therefore in 1998, durring the Third Congress of Ossetian people a Commission of dissemination and promotion of national customs and culture and a Committee on legal affairs were created. Nowadays ideology, rituals and legal standards of Islam are being reborn in all Northern Caucasus Republics. Most of the North Ossetia people formally practices orthodoxy but in effect belong to the « pagans ». In these terms we can speak of the formation of a northern Caucasian legal pluralism ideology variant based on using Soviet standards, Adat and Sharia standards within a unique legal framework. A legal symbiosis and  adaptation mutual  renewal between local legal standards and Soviet legal standards integrated in a unique social and cultural environment has allowed different types of laws to acquire a peculiar content other than their own, specific functions and an effective role in the society.  Irina L. Babitch

Le mécanisme de formation du pluralisme juridique dans le Caucase du Nord (Kabardino-Balkarie et Ossétie du Nord)
La recherche est consacrée à la spécificité des processus de formation de l’idéologie juridique et de la pratique juridique dans deux républiques du Nord Caucase ayant une population mixte – musulmane et chrétienne. Elle analyse les institutions sociales traditionnelles – y compris juridiques – fondées sur le droit coutumier et sur la religion. L’attention particulière est attirée sur la coexistence de l’adat, la charia et de droit dit officiel, droit d’Etat, aussi bien qu’à la médiation juridique des conflits. L’idée de la renaissance de certaines formes de droit local a été développée par les leaders d’un mouvement dans le cadre de la conception « d’une idée nationale et du développement national » de l’Ossétie. C’est ainsi qu’ont été créées en 1998 au Troisième Congrès du peuple ossète une Commission de diffusion des coutumes et de la culture nationale et une Commission Juridique. A l’heure actuelle l’idéologie, les rites et les normes juridiques de l’Islam ont commencé à renaître dans toutes les républiques du Nord Caucase. La majeure partie de la population d’Ossétie du Nord pratique l’orthodoxie de façon formelle mais appartient en réalité aux « païens ». On peut parler de la formation de l’une des variantes de l’idéologie nord-caucasienne du pluralisme juridique, qui repose sur l’utilisation des normes soviétiques, des normes d’adat et de normes de charia dans le cadre d’un champ juridique unique. La naissance d’une symbiose juridique, d’une adaptation juridique réciproque entre les normes juridiques locales et les normes du droit soviétique dans un milieu socio-culturel unique a permis aux différents types de droit d’acquérir un contenu autre que leur contenu propre, des fonctions spécifiques, un rôle dans la société. Irina L. Babitch

12/05/2013

Uluslararası mülteci koruma - barış operasyonları - ekonomik yaptırımlar - mülteci koruma standartlarının erozyonu

For a long time, the victim of serious violations regarding humanitarian international law had been ignored by the new field of international criminal Justice. However, the benefit of an enlightened justice would be – no doubt – an important parameter in the process of “resilience” for the victims of the horror, who are unable to face a post traumatic everyday life. Recently, the core rights of the victims before international criminal justice (representation, protection, compensation) has been taking into account by the international criminal Court, demonstrating a promising but still fragile evolution. Although the international criminal courts claim that their goal is to contribute to the restoration and the maintenance of peace, their mission originates in the laws of war. This genealogy reveals a shift in international criminal law’s missions. Combining « justice » and « peace », the international judges have added the notion of « national reconciliation » to their vocabulary without defining it. Thus to give a « fair sentence » judges are willing to consider the defendant’s efforts in favor of national reconciliation among the elements that they take into account as mitigating factors. Analyzing the judgments of the international criminal tribunal, this article explores what is at stake when international criminal justice is faced with social requirements. Taking the refugees issue as an example, the Security Council has made a considerable contribution to the strengthening of international refugee protection by enforcing, developing and even making norms that place the individual at the center of the international security agenda. On the downside the Security Council’s interaction with the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) and its encroachment on the General Assembly’s traditional field of competence have also given rise to criticism. Both the Security Council’s peace operations and its economic sanctions regimes have contributed to the erosion of established refugee protection standards.

La victime de graves violations du droit international humanitaire a longtemps été ignorée par une Justice pénale internationale naissante. Pourtant, nul doute que le bénéfice d’une justice éclairée serait un paramètre important dans le processus de « résilience » pour les victimes de l’horreur qui sont incapables d’affronter le quotidien post traumatique. Récemment, le régime de la Cour pénale internationale témoigne d’une prise en compte prometteuse, mais encore fragile des grands droits des victimes (représentation, protection, indemnisation). Si aujourd’hui les Tribunaux pénaux internationaux affirment qu’ils ont pour objectif de favoriser la restauration de la paix, cette mission puise pourtant ses racines dans une réglementation des comportements dans la guerre. Cette généalogie révèle un changement de mission du droit pénal international qui, associant progressivement justice et paix, a conduit récemment à y adjoindre la « réconciliation nationale ». Sans être définie, la « réconciliation nationale » va s’introduire dans le vocable des juges internationaux. Ainsi, lors de la détermination de la peine, les juges vont considérer que les efforts de l’accusé en faveur de la réconciliation nationale est un élément susceptible de réduire la peine au titre des circonstances atténuantes. A partir d’une analyse de l’ensemble des décisions de deux Tribunaux pénaux internationaux, cet article analyse sens et enjeux de l’appropriation de la « réconciliation nationale » par la justice pénale internationale saisie par des impératifs collectifs. Prenons l’exemple du problème des réfugiés, le Conseil de sécurité a considérablement renforcé, développé et même créé des normes qui placent l’individu au centre des préoccupations qui concernent la sécurité internationale. Toutefois, l’interaction entre le Conseil de Sécurité et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés d’une part, et des objectifs qui empiètent sur les compétences et le terrain habituels de l’Assemblée Générale donnent lieu à de nombreuses critiques. Tant les opérations de paix du Conseil de Sécurité que ses orientations de sanctions économiques contribuent à l’érosion des normes de protection des réfugiés.