4/17/2013


The Aryan Myth as Ideology of the Nation in Tajikistan- Marlène Laruelle
This article analyses the interactions that exist in Tajikistan between the historical science promulgated by the Academy of Sciences and the political pressure exerted by the authorities in favour of the constitution of an ideology justifying the Nation-state. The two meet around the Aryan theme which has recently become one of the most important historical and ethnological references in local academic publications. The rehabilitation of Zoroastrism and the assertion of Tajikistan as the « cradle » of the Aryan peoples, formalised by the presidential decree establishing 2006 as « Year of Aryan Civilisation », are being accompanied by numerous ethnicist and racialist discourses that seek to assert the autochthony of Tajiks within a despised Turkic environment. In the politic games of research of the origins currently displayed in the region, Tajikistan wishes to establish itself as the only and unique bearer of Indo-European heritage. The scientific ‘Arianistic’ obsession goes together with an ethnic dissociation, if not racial, between Turkic people and Indo-European people, as unique goal to proclaim the superiority of the second. In contemporary Tajik issue, human sciences remain highly submitted to political pressure even if, unlike in neighbouring Uzbekistan, it is yet possible to express a non-compliant opinion. While only on a speech level expressed and far from any social and political practices of the country, references focused on ‘race’ reveal important ethnic definitions in research and speeches about the Nation in all Post-Soviet Central Asia.
The Zoroastrianism acts as tengrism in the neighbouring Turkic countries, as an intellectualized neo-paganism for the former soviet elites in search for spirituality without transcendence that conceive religion to assert their national identity. 
Le mythe aryen comme idéologie de la nation au Tadjikistan - Marlène Laruelle
Cet article analyse les interactions existantes, au Tadjikistan, entre la science historique promulguée par l’Académie des sciences et les pressions politi­ques des autorités en faveur de la constitution d’une idéologie justifiant l’État‑nation. Cette rencontre se fait autour du thème aryen, devenu depuis quelques années l’une des références historiques et ethnologiques les plus importantes des publications académiques locales. La réhabilitation du zoroastrisme et l’affirmation du Tadjikistan comme « berceau » des peu­ples aryens, officialisées par le décret présidentiel qui instaure 2006 comme « Année de la civilisation aryenne », s’accompagnent de nombreux dis­cours ethnicistes et racialistes cherchant à affirmer l’autochtonie des Tadjiks au sein d’un environnement turcique méprisé.
Dans les jeux de recherches des origines en cours actuellement dans la région, le Tadjikistan tient à se présenter comme le seul et unique détenteur de l’héritage indo‑européen de l’Asie centrale. L’obsession ‘aryaniste’ de certains milieux scientifiques tadjiks va en effet de pair avec la volonté d’une dissociation ethnique, si ce n’est raciale, entre peuples turciques et peuples indo‑européens, dans le but bien évidemment d’affirmer la supériorité des seconds. Dans le cas tadjik contemporain, les sciences humaines restent grandement soumises aux pressions politiques, même s’il est encore possible, à la différence par exemple de l’Ouzbékistan voisin, d’exprimer une opinion non conforme. Bien que ne s’exprimant qu’au niveau du discours et n’ayant aucune réalité dans la pratique politique et so­ciale du pays, les références centrées sur la ‘race’ sont néanmoins révélatrices de l’ethnicisation en cours des discours sur la nation dans l’ensemble de l’Asie centrale post‑soviétique.
Le zoroastrisme joue ici le même rôle que le tengrisme dans les pays turciques voisins, celui d’un néo‑paganisme intellec­tualisé pour des anciennes élites soviétiques à la recherche d’une spiritualité sans transcendance et qui conçoivent le religieux avant tout comme un élément de l’affirmation nationale.



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